La ville va installer un réseau d’une centaine de caméras et un poste de vidéosurveillance. Pourquoi cet investissement si couteux dont l’efficacité contre la délinquance est faible et qui conduit souvent in fine à la vidéoverbalisation des petites infractions routières et de stationnement.
La municipalité va dépenser de l’argent public à hauteur de 500 000 euros pour doubler le réseau actuel des caméras de vidéosurveillance de notre ville qui en compte déjà 56. Or les enquêtes actuelles menées sur la vidéosurveillance, par des chercheurs français et étrangers en dressent un bilan très négatif.
- Sur l’utilité de la vidéosurveillance.
L’enregistrement d’images utilisables ensuite par les policiers ou les gendarmes dans leurs enquêtes a une efficacité très limitée. La présence d’images utiles n’est avérée que dans 1 à 3% du total des enquêtes réalisées. C’est très peu.
- sur l’effet de dissuasion.
Les études révèlent que sécuriser un lieu précis à l’aide de la vidéo (le parking d’une gare où ont lieu beaucoup de vols dans les voitures, ou bien un square où a lieu du deal de drogues) conduit à réduire le problème à cet endroit précis mais ne le fait pas disparaître, cela le déplace juste vers un autre endroit de la ville.
- sur l’utilité d’employer des agents municipaux à regarder les écrans dans un Centre de supervision urbain.
C’est à peu près inutile. En effet, la « détection en direct » de vols ou d’agression est extrêmement faible ; cela conduit souvent de ce fait à un détournement du système vers d’autres usages, le plus rentable étant la vidéoverbalisation. Une ville peut bien sûr faire ce choix mais dans ce cas il faut dire la vérité à la population : les caméras ne la protègent pas des vols ou des agressions, elles accroissent la répression des infractions routières.
- sur le risque de réduire d’autant les effectifs de police disponibles sur le terrain.
Caméras, centre de surveillance et emploi d’agents municipaux à ces taches de vidéosurveillance : cela a un cout important et réduit les effectifs disponibles sur le terrain. Les importants moyens mis dans ce réseau le sont ainsi au détriment d’autres outils de préventions, plus efficaces, comme la police de proximité dont beaucoup de villes plébiscitent l’utilité, des éducateurs, des actions de sensibilisation ou de prévention.
D’autres choix étaient possible
Il est donc difficile de comprendre les raisons, autres que électoralistes ou démagogiques, qui motivent cette décision, prise de surcroit sans qu’aucun bilan sur l’utilité du réseau actuellement en place n’ait été présenté ni aucun résultat positif démontré ; des actions contre des fléaux avérés, comme la lutte contre les violences faites aux femmes, qui ne se règlent pas via des caméras dans l’espace public auraient ainsi pu utilement bénéficier de ces fonds.