La municipalité a présenté, en septembre 2024, un premier bilan du Plan de développement des déplacements cyclables. Une occasion de porter un regard sur la place du vélo à Sceaux.
En 2022, Sceaux a adopté un Plan de développement des déplacements cyclables qui court jusqu’en 2026. Lors du Conseil municipal de septembre 2024, la municipalité a présenté un premier bilan des actions réalisées. L’occasion pour le maire de se féliciter de cet engagement en faveur « d’une politique active et novatrice en matière de développement des circulations douces et de partage de l’espace public ». Depuis le premier plan de 2007, la ville affirme poursuivre une politique vélo « ambitieuse et pionnière », centrée sur la mobilisation des habitants pour instaurer une « culture de vélo » à Sceaux.
En portant un regard sur les actions conduites dans le cadre de ce plan vélo 2002-2026, nous pouvons constater que la politique de la ville s’est orientée principalement vers les établissements scolaires, avec le dispositif « Savoir rouler à Vélo ». Ce programme d’apprentissage du vélo destiné aux enfants de 6 à 11 ans vise à leur permettre de rouler en autonomie et en sécurité sur la voie publique. La ville a aussi développé des actions en direction de son personnel. Le plan de mobilité de l’administration prévoit d’augmenter la part modale vélo auprès des agents (à ce jour, 15% des agents viennent à vélo au travail).
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Par ailleurs, depuis peu, un travail en partenariat est réalisé avec l’association « Sceaux à vélo », qui organise notamment la Bourse aux vélos et la vélo-école pour adultes. Cette année une « Maison du Vélo » a été ouverte. L’équipement, situé place des Ailantes, héberge l’association et devient le lieu où elle organise notamment les cours de vélo et des ateliers d’auto-réparation de vélos. La Maison du Vélo est aussi utilisée par les centres de loisirs pour mener des actions autour du vélo.
Le difficile partage de la voirie
Mais pour assurer de développement de l’usage du vélo et faire place à cette nouvelle mobilité douce, il faut aménager la ville. Depuis la première période du Covid, les déplacements en vélo se sont multipliés. Aujourd’hui à Paris, il y a plus de personnes qui se déplacent à bicyclette qu’en voiture et la capitale s’adapte à ce nouveau trafic grâce à des aménagement importants.
A Sceaux, les aménagements qui pourraient permettre le développement du vélo tardent à s’inscrire dans la ville.
A la suite d’une demande de l’association Sceaux à vélo, dans le cadre du budget participatif de la ville de 2021, le maillage des arceaux pour accrocher son vélo s’est un peu développé. Mais il manque encore de nombreux points fixes. Le territoire intercommunal Vallée Sud Grand Paris s’est aujourd’hui engagé à en installer plus rapidement.
Mais le problème reste celui des pistes cyclables sécurisées. La municipalité croit au partage de la voirie. C’est-à-dire qu’elle a l’espoir que les vélos et les automobiles pourront circuler en bonne intelligence sur les mêmes voies. Pour cela, il faudrait cependant que les automobilistes respectent la vitesse limitée à 30km qui s’impose sur toutes les voies de la ville. Or ce n’est pas le cas. Les relevés effectués dévoilent que les voitures roulent toujours entre 40 et 50 km/h à Sceaux. Il faudrait aussi que cette coexistence voitures/vélos ne se fasse pas sur des axes où la circulation quotidienne est de plusieurs milliers de véhicules/jour. Toutes les études montrent en effet qu’à partir d’un certain niveau de trafic, largement dépassé sur les grands axes de Sceaux, le partage de la voirie est illusoire et que seules les pistes cyclables peuvent assurer la sécurité les déplacements en vélo.
Un exemple illustre bien cette situation. Sur l’avenue de Bourg-la-Reine (D74), le décès d’un cycliste est intervenu en octobre 2023. Cette rue ne comprend ni piste cyclable, ni aménagement de la voirie pour maitriser la circulation routière (coussins berlinois, radar, rétrécissement de voies…) qui ferait respecter la vitesse limitée à 30 km/h. La préfecture aurait refusé l’installation de radars, mais depuis ce décès, rien n’a été prévu.
Pistes cyclables : faire une place aux vélos dans la ville
La question des pistes cyclables à Sceaux, qui n’est même pas mentionnée dans le Plan municipal de développement des déplacements cyclables (!), a donné lieu à débat lors du Conseil municipal du 25 septembre 2024.
Certains élus de l’opposition municipale ont déploré l’absence d’une piste cyclable dans le projet de rénovation du centre-ville, aujourd’hui bloqué suite à des recours juridique que ces élus ont encouragé. Et cette position ne s’accompagne malheureusement pas de propositions globales pour une politique vélo ambitieuse, qui nécessiterait aussi d’accepter la réduction du nombre de places de stationnement pour la création de pistes cyclables.
« La place du vélo dans la ville est un enjeu plus large », a expliqué Liliane Wietzerbin, conseillère municipale. Pour l’élue Sceaux en commun, la « culture vélo » à Sceaux passe nécessairement par l’adaptation de la ville à ce mode de déplacement. Pistes cyclables sécurisées, notamment pour relier les Blagis au centre-ville (avenue de Verdun, Poincaré et Clemenceau), aménagements de stationnements sécurisés, box, arceaux, notamment pour les vélos cargo familiaux, sont des priorités si l’on veut permettre aux Scéens de recourir aux mobilités douces.
L’association Sceaux à vélo, dont les membres sont des cyclistes réguliers, prône aussi l’installation de pistes cyclables sécurisées et agit au niveau intercommunal. C’est aujourd’hui au niveau du territoire intercommunal de Vallée sud grand Paris qu’un plan de pistes cyclables se met progressivement en place. Et Sceaux devrait finalement voir des pistes cyclables s’ouvrir sur son territoire malgré le peu d’enthousiasme manifesté par la municipalité.