La municipalité, lors du conseil municipal du 6 février, a présenté des orientations budgétaires pleines d’incertitudes et dénoncé les mesures gouvernementales qui réduisent les moyens des communes. Liliane Wietzerbin a analysé les choix budgétaires de la majorité municipale et a souhaité, au nom des 250 signataires de la pétition du Collectif citoyen, que soit entendue la demande des Scéennes et des Scéens de garantir la qualité et l’accessibilité de nos services municipaux et associatifs.

Intervention de Liliane Wietzerbin,
conseillère municipale "Sceaux en commun",
lors du Conseil municipal du 6 février 2025
consacré au débat d'orientation budgétaire .
Le budget de la ville devrait être voté
lors du Conseil municipal du 27 mars prochain
Services publics et associatifs : mobilisation générale et pétition de 250 Scéens
Monsieur le maire, c’est sur les services publics que je voudrais vous interpeller.
Vous avez annoncé dans Sceaux Mag de novembre dernier que la municipalité, je vous cite « pourrait être conduite à fermer des services publics nécessaires aux familles, comme les crèches ou les centres de loisirs, et à supprimer une partie des moyens alloués aux écoles, à diminuer le niveau de notre accompagnement aux structures associatives ».
Nous vous avons entendu et cela nous a d’autant plus inquiété, car nous connaissons votre fort attachement au service public. Nous savons aussi que de nombreuses autres voix s’élèvent aujourd’hui pour alerter sur l’importance de maintenir les services publics locaux, aujourd’hui fragilisés par les politiques gouvernementales, lesquelles, vous le dites justement aussi, ont conduit les communes à pallier au désengagement de l’État dans des services publics indispensables comme la poste, remplacée par l’Agence France Services). Par exemple, une pétition nationale du tout le monde associatif contre la réduction des moyens aux associations circule en ce moment.
Nous avons donc considéré qu’il s’agissait d’une alerte à prendre très au sérieux et qu’il était nécessaire d’agir pour protéger nos services publics locaux et nos associations. Et je peux vous assurer que l’inquiétude des Scéens est réelle quant aux conséquences d’une possible réduction de la qualité des services publics locaux ou de leur accessibilité sur leur vie quotidienne. La pétition que Sceaux en commun a lancée pour le maintien de leurs services publics et des aides aux associations a recueilli en très peu de temps près de 250 signatures !
> Pétition pour le maintien des services publics et des aides aux associations à Sceaux

Dans les orientations budgétaires de la municipalité sur les services publics, les rares éléments présents ne sont pas de nature à rassurer totalement les Scéens. Vous annoncez comme prioritaire la « préservation de nos services publics» mais si cette partie fait l’objet de longs développements, elle comprend peu de chiffres et peu d’engagements.
Un point positif est à souligner : vous dites que les tarifs qui concernent le stationnement payant et la pause méridienne (qui comprend le repas, la garderie et l’accès à différentes activités au choix de l’enfant) resteront inchangés par rapport à 2024, nous nous en félicitons.
Mais vous indiquez aussi que la tarification des services aux usagers (prestations périscolaires, sportives, culturelles, etc.) augmentera de + 2,5 %. Or l’inflation estimée pour 2025, devrait avoisiner 1,6%. Les services publics vont donc coûter plus cher à toutes les familles scéennes alors que certaines d’entre elles connaissent des difficultés croissantes et que les salaires n’augmenteront pas à hauteur de l’inflation.
La municipalité annonce le maintien, voire l’augmentation, des subventions aux associations.
Vous annoncez aussi que « La Ville poursuivra en 2025 son soutien aux associations en maintenant – voire en accroissant – son niveau de subventionnement et la mise à disposition d’un certain nombre de moyens”. Je me félicite de cette déclaration et j’y vois peut-être une conséquence de l’attention exprimée par les Scéennes et Scéens à leurs associations locales et à notre pétition.
Mais sur ce point, voilà plus de 5 ans que la ville se contente de maintenir à un même niveau les subventions aux principales associations Scéennes. Compte tenu de l’inflation, depuis 2020, les subventions de la ville ont en fait diminué de près de 20 %. Un engagement serait, non pas de garantir le maintien des subventions, mais que le budget 2025 promette au moins une partie du rattrapage nécessaire. Nous espérons que ce sera le cas dans le budget qui nous sera présenté le 27 mars prochain.
En conclusion, nous savons tous que Sceaux compte de très nombreuses associations, sociales, culturelles, sportives. Avec les services municipaux, elles permettent de répondre à des besoins essentiels : crèches, écoles, activités périscolaires, clubs sportifs, activités culturelles et sociales, agence France-services, aides aux seniors, etc. Il s’agit de notre bien commun et elles sont un facteur essentiel pour l’attractivité de la ville. De surcroît, plus de 50% des emplois à Sceaux appartiennent à la fonction publique ou à l’économie sociale et solidaire.
C’est pourquoi, nous vous demandons solennellement d’entendre les Scéennes et les Scéens qui vous demandent de garantir la qualité et l’accessibilité pour tous de nos services municipaux et de donner les moyens à nos associations locales de remplir leurs missions sociales, culturelles et sportives.
Une critique des politiques gouvernementales
M. le maire, dans le document budgétaire vous dénoncez, à juste titre, la politique du gouvernement envers les collectivités locales. Le budget de la ville « est grevé par des mesures décidées unilatéralement par l’État » et « les recettes en diminution du fait des ponctions opérées par l’État ». Vous dénoncez, fort justement de nouveau, la baisse, encore cette année, de la dotation globale de fonctionnement (DGF) qui est diminuée pour la ville de 103 k€.
L’année dernière lors du débat d’Orientation Budgétaire, vous aviez, comme maire mais aussi comme vice-président de l’AMF, dénoncé aussi la suppression de la taxe d’habitation, ce qui ne laisse plus aux communes que la taxe foncière comme variable d’ajustement.
Je partage votre dénonciation de la politique gouvernementale qui va prélever 2,2 milliards d’euros en 2025 sur les collectivités pour réduire son propre déficit ! Pour la ville, cela risque de représenter un manque à gagner de 300 à 400 K€ ! Et en effet, on ne peut que constater que depuis l’élection du Président Macron, la libre administration des collectivités territoriales, principe pourtant consacré par la Constitution avec son article 72, subit une remise en question régulière, aggravée par la décision de ce gouvernement de limiter l’autonomie fiscale et les moyens budgétaires des collectivités.
Chiffes clés
Dette de la ville : une stabilisation à un niveau élevé 47,6 M€ au 31/12/2024 contre 51,5 M€ au 31/12/2023.
Intérêts de la dette : en forte hausse, 1,9 M€ en 2024 contre 1 M€ en 2022.
Dotation de l’État (DGF) : encore en diminution pour la ville de 103K€.
Prélèvement du gouvernement : de 300 à 400 K€ pour la ville
Je rappelle que notre députée, élue en 2022 et 2024, qui fut porte-parole du Gouvernement, a systématiquement défendu ces mesures gouvernementales qui vont à l’encontre des collectivités locales. J’ai du mal à comprendre que pour justifier les contraintes qui pèsent sur la ville, d’un côté vous dénonciez la politique gouvernementale et de l’autre vous souteniez la députée de notre circonscription qui en fait la promotion. C’est sans doute cela la politique, mais un peu de cohérence serait bienvenue.
La solidarité territoriale : une nécessité pour l’Ile-de-France
Vous semblez critiquer les sommes versées par la ville dans le cadre des dispositifs de solidarité entre les communes : le Fonds de Péréquation des Ressources Intercommunales et le Fonds de solidarité des communes de la région Île-de-France (FSRIF), créé en 1991. Le premier est un mécanisme de péréquation visant à équilibrer les ressources des collectivités territoriales, le second vise à aider les communes supportant des charges particulières au regard des besoins sociaux de leur population sans disposer de ressources fiscales suffisantes. Si je ne me trompe pas vous êtes membre du Comité des élus.
Or si la ville contribue à ces fonds, c’est parce que, comme vous le dites à plusieurs reprises, Sceaux est considérée comme une ville « riche », du fait notamment du revenu élevé de beaucoup de ses habitants (revenu moyen deux fois supérieur au revenu moyen national). Faut-il s’en plaindre ou au contraire y voir le signe d’une attractivité qui ne se dément pas ?
Je ne trouve pas aberrant que l’on mette en place des mécanismes de solidarité entre les communes favorisées et celles en difficulté. Ces dispositifs sont essentiels, notamment en Ile-de-France, pour éviter des disparités croissantes entre les villes et pour aider celles qui disposent de nombreux logements sociaux à destination des familles les plus modestes (ce n’est pas vraiment le cas de Sceaux – même si on peut se féliciter que notre ville compte 26% de logements sociaux, ils ne sont pas à destination des familles les plus modestes).
Investissements maintenus malgré la fragilité budgétaire
Voyons maintenant les propositions faites pour la ville en matière d’investissement en 2025. Plusieurs investissements importants sont prévus. Vous soulignez qu’ils profitent de certaines subventions publiques du département ou de la Métropole, soit. Cependant in fine, ces subventions proviennent de l’impôt des habitants, cela n’enlève donc en rien la nécessité d’en faire le meilleur usage possible.
- Principaux investissements :
- Espace sport et santé : 2,8 M€ dont 383 K€ sur le budget 2025, 44% de subventions
- Nouvelle crèche : 8 M€ dont 5 M€ en 2025, 31% de subventions.
- Troisième bulle de tennis : 900 000 euros en 2025, 11% de subventions.
- Travaux Place des Ailantes : 2,5 M€ dont 1,8M€ en 2025, 65% de subventions
- Aménagements du Château de l’amiral : 5,5 M€ dont 3,5 M€ en 2025.
- Travaux du parvis de l’Église (Place Frédéric Mistral), 2,8 M€, sur le budget de VSGP en 2025
Une remarque : pour que le club de tennis Sceaux dispose d’une troisième bulle pour jouer l’hiver, la la ville va dépenser de l’ordre de 800 K€. De plus, le bilan énergétique d’un tel équipement est désastreux. Est-ce vraiment une priorité pour 2025 ?
Et ce d’autant que comme nous l’avons vu, les moyens sont rares et la dette élevée, très élevée dit même la Chambre régionale des comptes ”au regard du nombre de ses habitants. Il est en moyenne de 3 032 par habitant sur la période, contre 1 053 pour l’échantillon comparatif et 844 pour la strate nationale ».
Qui finance quoi entre l'intercommunalité et la ville ?
La municipalité mentionne les versements que la ville doit faire à l'intercommunalité Vallée Sud-Grand Paris (VSGP). « Ceci représente un total de 8 235 k€ de recettes reversées à l’EPT à titre obligatoire ». Mais notre intercommunalité, dont le maire est vice-président, n'est pas une charge à supporter car elle réalise de nombreux travaux pour le compte de la ville.
Par exemple, c’est VSGP qui va prendre en charge les travaux du parvis de l’Église (Place Frédéric Mistral), de la rue de Bagneux, de la Rue Paul Couderc. C’est VSGP qui finance la rénovation de la scène du Théâtre des Gémeaux (2 M€ prévus en 2025), les pistes cyclables sur Sceaux, rue Franklin Roosevelt et avenue Claude Perrault. C’est encore VSGP qui va conduire et investir dans le projet de rénovation de notre centre-ville place Charles de Gaulle et dans la réhabilitation du gymnase du Clos St Marcel à Sceaux (17 M€ en 2025),
Dépenses : où sont les recherches d’économies
D’abord rappelons que certaines dépenses peuvent être évitées car inutiles : je pense par exemple à certaines dépenses d’énergie – nous venons d’en voir un exemple avec l’alimentation de la bulle de tennis. Il serait aussi possible de lancer enfin l’expérimentation que nous demandons sur l’extinction de l’éclairage public au cœur de la nuit – plutôt que d’attendre que les investissements relatifs à l’équipement Led ne soient réalisés (et qui pourraient de ce fait peut-être être différés). Je cite aussi les dépenses de communication comme les « Parlons Ensemble », qui de mon point de vue relèvent plus de fonds pour la campagne municipale 2026 que du budget 2025 de la ville. Des marges de manœuvre existent donc.
Des habitants peu consultés avant d’investir dans les projets structurants
Je me permets aussi un mot sur les aspects de démocratie locale : je regrette que les habitants soient peu consultés lorsqu’il s’agit d’investir dans des projets qui les touchent.
La municipalité devrait s’assurer que les projets décidés répondent pleinement aux besoins des habitants, qui doivent avoir l’opportunité d’exprimer leurs souhaits et leurs priorités. Or ce n’est pas souvent le cas et je le déplore. Concernant la rénovation de la place des Ailantes par exemple, les habitants ont découvert un projet déjà ficelé, ce qui a suscité de l’incompréhension et du mécontentement. N’était-il pas possible, il y a quelques mois, de mener une véritable concertation avec les habitants sur un projet et s’assurer d’une adhésion des habitants sur le fond avant de décider de sa mise en œuvre ?
Je souhaite évoquer un autre exemple : la rénovation du système informatique. Je le cite pour revenir sur la demande récurrente des élus de la minorité de pouvoir diffuser les conseils municipaux par internet. C’est une question de transparence, de démocratie, de respect envers les habitants. Vous aviez donné un accord de principe en 2021, qui avait été réaffirmé en 2022. Force est de constater qu’en 2025, les Scéens en sont toujours à devoir lire les 150 pages du procès-verbal pour se tenir informés des débats en conseil municipal. Je trouve étrange qu’à l’heure où l’on décide d’investir dans un système d’information modernisé, les besoins de diffusion des séances du conseil par internet n’aient pas été pris en compte. Je conçois bien pourquoi cela n’est pas une priorité pour vous mais laissez-moi m’en étonner et le regretter.

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