Une étude de la Gendarmerie nationale conclue à l’inefficacité de la vidéosurveillance dans les communes. Or la ville de Sceaux investit et recrute pour se doter de 100 caméras et faire fonctionner un centre de supervision. Une dépense largement inutile qui se fait au détriment d’une police de proximité présente en ville.
La vidéosurveillance empêche-t-elle les infractions, se révèle-t-elle inutile ? Une étude menée à la demande de la Gendarmerie nationale vient, pour la première fois, de mettre en lumière une efficacité douteuse de la vidéo protection pour prévenir la délinquance. Des conclusions que peu de médias ont repris si ce n’est Le Monde dans un article du 22 décembre 2021.
Pas de diminution significative du volume d’infractions
Dans les communes étudiées, aucun « constat de diminution significative du volume d’infractions » n’est enregistré après l’installation de caméras, constate l’étude de terrain. Les villes équipées « ne connaissent pas d’évolution plus favorable des niveaux d’infractions ». La vidéosurveillance ne contribue pas plus à élucider les enquêtes. « En fin de compte, la découverte d’éléments probants, (…) s’avère faible », conclue l’étude, « l’exploitation des enregistrements de vidéoprotection constitue une ressource de preuves et d’indices peu rentable pour les enquêteurs. ». En d’autres termes, la présence de caméras ne réduit en rien la délinquance, selon la gendarmerie.
La ville de Sceaux s’est pourtant lancée dans un important dispositif de vidéosurveillance qui engloutit des centaines de milliers d’euros chaque année. Bientôt le territoire sera couvert de 100 caméras qui filmeront en continue toute la ville. Des caméras dont l’achat et l’entretien sont particulièrement onéreux. En 2021, l’extension du réseau de vidéosurveillance sur le quartier de Robinson a représenté un investissement de 156 000 €.
La ville a aussi aménagé un centre de supervision urbain (CSU), au 124 rue Houdan. Un local avec toute une installation technique pour permettre de visualiser les écrans en temps réel et les enregistrer.
Et pour faire fonctionner ce dispositif, il faut du personnel. La ville recrute et le service va bientôt compter 20 agents titulaires. Deux fois plus que le total des agents employés dans la filière culturelle de la ville. Deux postes supplémentaires sont créés en 2020 et deux autres en 2021. Et il en faudrait encore bien davantage pour assurer une présence 24h/24 derrière les écrans, la municipalité reconnait que l’observation des écrans se fait « à l’occasion de vacations ponctuelles ».
Une débauche de dépenses qui s’avère très peu efficace
Comment justifier cette débauche de dépenses qui s’avère très peu efficace pour la sécurité des Scéens. La municipalité explique que le dispositif va « dissuader la survenance des faits de délinquance », et « faciliter les enquêtes réalisées par les forces de sécurité de l’État ». Justement, deux arguments déconstruit par l’étude de la gendarmerie. De son côté, le maire, qui ne peut pas fournir de bilan de l’usage des caméras à Sceaux, avoue qu’il s’agit là d’une promesse politique qu’il faut réaliser pour satisfaire un électorat même si, au regard d’une bonne gestion, ce n’est pas opérant.
Exemple récent : La halle des Blagis a été condamné car explique la mairie « Les policiers municipaux et nationaux ont constaté une utilisation inappropriée du passage, malgré la présence de caméras de vidéosurveillance, par des groupes de personnes générant des nuisances et des troubles à la sécurité publique ». L’inefficacité des caméras est malheureusement démontrée et faute de moyens de prévention et de présence sur le terrain, on en vient à fermer le lieu, ce qui déplace simplement le problème.
Au détriment d’une présence sur le terrain
La réalité c’est que les moyens en personnel et les budgets investit dans la vidéosurveillance se font au détriment d’une présence sur le terrain d’une police municipale de proximité, au contact des habitants. Ils justifient aussi en partie le désengagement de l’État, Sceaux ne compte ainsi plus de commissariat. Triste bilan pour la vidéosurveillance.